Cet événement rassemble depuis 40 ans, les acteurs du secours en montagne Valdotains (Soccorso Alpino Valdostano), Valaisans (Air Zermatt) et de Chamonix (PGHM / La Chamoniarde) qui œuvrent sur le massif du Mont Blanc et la chaîne frontière.
Cette année elle comptait également les secouristes d’Air Glacier, les médecins urgentistes des hôpitaux du Pays du Mont-Blanc et du GRIMM (Valais), les équipages aéro de la gendarmerie, de la sécurité civile, de CMBH, d’Air green (Aoste), d’Air Zermatt et de la Guardia di Finanza.
Née d’un réel besoin de coordination entre les différents services de secours des trois régions frontalières, cette rencontre permet le rapprochement des hommes venant d’organismes différents mais animés par une même passion, et la confrontation des différentes techniques sur le terrain dans des conditions proches de la réalité.
Cette émulation, dénuée de concurrence, engendre une dynamique qui place actuellement les trois régions frontalières du massif parmi les plus performantes dans leur domaine.
Le renforcement des liens d’amitiés entre les secouristes des 3 pays facilite les opérations de sauvetage frontalières et les amènent à rechercher des solutions communes à leurs difficultés.
Elle est organisée tour à tour dans les trois régions du Valais, de la Vallée d’Aoste et du Mont-Blanc.
Cette année, le thème était lié aux changements climatiques. Les bouleversements qui affectent la montagne sont importants. Au niveau de l’accidentologie, aucun chiffre ou indicateur ne permet à l’heure actuelle de mettre en évidence une augmentation du nombre de secours en lien avec les changements climatiques.
En revanche certains types d’interventions sont de plus en plus fréquents. C’est notamment le cas des personnes qui se retrouvent coincées ou ensevelies sous des blocs de rocher ou de glace. Ce type de situations (chutes de pierres et de glace) est notamment favorisé par la déstabilisation des moraines, l’apparition de zones de terrain instables en lien avec la fonte de la couverture glaciaire.
Le secours en montagne en France et en général, dans les Alpes, est donc appelé à engager des démarches impliquant l'emploi de nouveaux matériels pour faire face à ce « nouveau » type de secours. L’enjeux est double : comment procéder pour dégager les victimes tout en améliorant la protection des secouristes.
L’après-midi du mercredi 18 septembre a été consacré à des ateliers sur le terrain afin de tester les différents dispositifs de dégagement et les protocoles médicaux pour la prise en charge de ces victimes. Une rencontre et un échange entre les équipages aéro des 3 pays a également eu lieu, concernant l’incidence du changement climatique sur leur mission (températures élevées et vent en altitude et capacité des machines, treuillage proche de parois…)
Le jeudi 19, un exercice multi victimes de grande ampleur a eu lieu sur la Mer de Glace afin de faire travailler ensemble toutes les unités, au secours de plusieurs alpinistes ayant subi des chutes de pierres, de blocs et de glace.
L’après-midi a été consacré à des présentations en salle et des échanges avec des scientifiques impliqués dans le projet. Paolo Pogliotti (Agence de la Protection de l’environnement de la Vallée d’Aoste) a effectuer un panorama des changements climatiques en haute montagne. Ludovic Ravanel (EDYTEM - CNRS) a lui aborder l’impact des changements climatiques sur les pratiques en haute montagne et notamment l’émergence de nouveaux risques glaciaires et périglaciaires avec des cas concrets.
William Boffeli de la Fondation Montagne Sûre (chef de file du projet PREVRISK-CC) à quand à lui abordé la gestion des risques majeurs en Vallée d’Aoste (écroulements glaciaires : Planpincieux, laves torrentielles, lac glaciaires…).
Cette édition était dédiée à Gérard Devouassoux et Jean-Jacques Mollaret.
Gérard Devouassoux, né en 1940 et mort tragiquement en 1974 à l’Everest, était guide et secouriste de haute montagne, membre de la compagnie des guides de Chamonix et de la S.C.S.M. Alors adjoint au maire de Chamonix, il fonde l’Office de Haute Montagne en 1972 face à la croissance des accidents en montagne.
Jean-Jacques Mollaret, né en 1939 et mort en 1992 dans une avalanche à la Foux d’Allos, était officier de la gendarmerie. Il prend la tête en 1965 du Peloton Spécialisé de Haute Montagne (PSHM) de Chamonix, qui devient, sous son commandement, le 3 septembre 1971, le PGHM. Cette unité assure dès lors l’intégralité du secours dans le massif du Mont Blanc, en totale autonomie.
Les années 1960 marquent une période de transition durant laquelle le secours en montagne combine les nouvelles unités spécialisées de la gendarmerie, les forces et corps constitués de la vallée.
Dans ce contexte, Gérard Devouassoux et Jean-Jacques Mollaret collaborent étroitement et participent ensemble aux caravanes de secours. Convaincus de la nécessité d’un travail d’information des pratiquants, ils s’engagent dans le développement de la prévention afin de réduire l’accidentologie en montagne.
A la mort de Gérard Devouassoux, deux ans seulement après la création de l’Office de Haute Montagne, Jean-Jacques Mollaret poursuivra cette mission et fera parti de ceux qui s’emploieront à développer cette institution.
La Chamoniarde et le PGHM de Chamonix sont liés au destin de ces deux hommes, grandes figures du sauvetage en montagne et de la prévention des accidents.
La Triangulaire 2024, qui fête ses 40 ans cette année, leur est dédiée.